Site de l'ensemble pastoral de l’île de Ré.

Diocèse de La Rochelle

Dimanche 15 septembre 2024

24ème dimanche du Temps Ordinaire
Couleur liturgique : Vert

1ère Lecture :   Livre d'Isaïe (55, 9a)

Psaume : 114
" Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des viants. "

2ème Lecture :   Lettre de Jacques  (2, 14-18)

Évangile : Marc  (8, 27-35)

Abbé Mickaël LE NEZET
Curé de l'ensemble pastoral
 

« Dites aux gens qui s’affolent : « soyez forts, ne craignez pas. »

Cette parole est bienvenue et encourageante dans ces temps que nous vivons.
La situation économique, politique et sociale que nous traversons pourrait en effet à juste titre nous affoler, les tensions internationales et les conflits armés encore plus. Sans doute aussi d’une certaine manière la situation de l’Église en France, en occident, jusqu’à notre ensemble pastoral que je découvre où les chantiers ne manquent pas alors que les ouvriers sont peu nombreux, parfois épuisés par la lourde tâche et inquiets de ne pas voir de relève.  Alors oui, nous accueillons la parole du prophète Isaïe adressée à tous ceux qui sont affolés, inquiets, déconcertés : « ne craignez pas, soyez forts. Dieu vient lui-même et va vous sauver. »

Le récit de l’Évangile vient nous aider aujourd’hui à ne pas nous laisser prendre par la peur et l’affolement. Ce sont d’ailleurs toujours de mauvais conseillers. L’Évangile nous invite, comme cela est fait par Jésus pour le malade qui lui est confié, à nous mettre à l’écart des bruits du monde. Certes il ne s’agit pas de fuir la réalité de la vie ou de la nier, mais il s’agit de prendre une certaine distance face aux bruits de la foule, un peu de hauteur face à l’agitation du moment. Nous devons apprendre à préserver dans nos journées, un moment, un espace de silencepropice à la rencontre avec le Seigneur pour que, comme il le fait pour le sourd muet de l’Évangile, il prenne soin de nous, il nous guérisse, il nous libère. C’est Lui le Sauveur du monde ! Il est d’ailleurs surprenant de constater que dans ce temps, à l’écart, le sourd est capable d’entendre le Christ lui crier « Effata » puisqu’à ce moment ses oreilles s’ouvrent et sa langue se délie. Le pape François écrivait dans l’exhortation Gaudete et exultate : « Nous avons tous besoin de silence chargé de présence adorée (…) Pour tout disciple, il est indispensable d’être avec le Maître, de l’écouter, d’apprendre de lui. Si nous n’écoutons pas, toutes nos paroles ne seront que du bruit qui ne sert à rien. » (GE 149-151) Nous manquons souvent de ces temps de silence, d’intimité avec le Seigneur, de prière et d’écoute attentive de sa Parole. « Dans ces temps que nous vivons, nous devons encore plus être capables d’une écoute vraie, active et exigeante pour éliminer les demi-réponses, laisser de côté les pseudos vérités qui sont tentés de nous satisfaire. Cette attitude vaut pour nous-mêmes, mais aussi face à l’autre, face aux autres, face au monde qui trop souvent nous assène des vérités qui n’en sont pas. Comment faire le tri pour ne pas prendre tout ce qui nous parvient comme une vérité absolue ? 1 » L’écoute qui est à la base du discernement est le chemin sur lequel nous devons nous engager en prenant ce temps nécessaire et indispensable, à l’écart pour bien entendre ce que Dieu veut nous dire.

Entendre ce que Dieu veut nous dire, entendre ses appels mais pour aussi apprendre à bien parler, tel le muet de l'Évangile. « Ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia et il parlait correctement ». Entendre pour apprendre à parler correctement. Mais que veut dire : parler correctement ? Cela nous renvoie à la lettre aux Ephésiens lorsque saint Paul nous dit que de notre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos mais plutôt une parole bonne et constructive, capable d’édifier quand il le faut et de faire du bien à ceux qui l’entendent.Eph 4, 29 Et saint Paul de poursuivre en disant : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. » C’est cela « parler correctement ». Et dans ces temps d’incertitude, de peur, d’affolement, nous avons besoin d’entendre des paroles qui élèvent, qui édifient, qui construisent, qui encouragent, qui rassemblent, qui nous invitent à demeurer toujours dans l’Espérance. Jésus fait entendre les sourds pour qu’ils parlent correctement, pour que leurs paroles viennent alors toucher le cœur de ceux qui les entendront parler. Il guérit toujours pour que le malade retrouvant la santé devienne un missionnaire, témoin du Seigneur.

Bien entendre pour dire du bien, pour être constructif…nous percevons bien frères et sœurs que c’est un appel, un encouragement à une conversion permanente, personnelle mais aussi communautaire. Il s’agit de prendre les moyens que l’Église nous propose pour bien entendre et aussi bien parler : la méditation de la Parole, la participation à la vie sacramentelle, le cœur à cœur avec le Seigneur dans l’adoration mais aussi le service des plus petits et des plus pauvres. Il s’agit de bien entendre pour bien parler pour que dans le monde,dans notre société, notre Église, notre ensemble pastoral, la Vie de Dieu jaillisse et redonne vie et espérance.
Aussi à chacun de nous, Jésus nous dit encore aujourd’hui, « Effata », c’est-à-dire ouvre-toi à son appel. Amen

Père Mickaël

 1 - Sœur Odile Hardy, C’est maintenant le temps favorable, cinq regards de femmes sur la crise, Edition de l’Emmanuel 2021, p.69-70

Père Michel COTTEREAU
Prêtre coopérateur 

« Effata, c’est-à-dire ouvre-toi »
Dans le rituel du baptême il y a ce rite facultatif que j’aime bien faire. Le prêtre disciple du Christ-Jésus refait les gestes de Jésus avec Jésus. Ce rite prend une dimension encore plus importante dans les étapes de baptême des enfants en âge scolaire ou chez les catéchumènes adulte.
Retenons aujourd’hui, pour nous, ce geste qui a été fait à notre baptême : signe de croix sur les la bouche, sur les oreilles et les yeux.
Le Seigneur ouvre nos yeux, nos oreilles et notre bouche.

Nos Yeux pour voir, contempler.
Tout est une question de regard. C’est d’abord le regard du Christ sur chacun d’entre nous un regard aimant, un regard qui réchauffe et relève. Tout au long de l’Évangile Jésus prend le temps de regarder (le jeune homme riche, la pauvre veuve à la porte du temple). Il y a tant de façons de porter nos yeux sur les réalités de notre monde aujourd’hui : des regards qui jugent, des regards qui excluent. Demandons au Seigneur de convertir notre regard pour que nous l’ajustions à la bonne mesure.
 Portons les lunettes de l’vangile pour mieux voir.

Nos oreilles pour entendre et comprendre.
Une succession de bruits ne fait pas une harmonie. C’est un tintamarre, une cacophonie. Dans notre monde comme dans notre vie, des sons montent souvent discordants qui choquent nos oreilles. Le Seigneur fait entendre les sourds. Faire la sourde oreille, ne pas vouloir entendre ou ne pas comprendre, nous isoler. Une voix crie dans le désert. C’est le temps de la Parole entendue, c’est le temps de la conversion.
Quelle Parole de Dieu m’a récemment bousculé et a provoqué en moi un chemin d’avenir ?

Notre bouche pour proclamer la Parole et les merveilles de Dieu.
Si eux se taisent, les pierres crieront dit Jésus au sujet de ses disciples. Nous sommes porteurs de cette Bonne Nouvelle qui s’adresse à tous et à chacun. Libre à ceux qui l’entendre de la recevoir. Sainte Bernadette disait :  « Je ne suis pas chargée de vous le faire  croire, je suis chargée de vous le dire.» Que ces mots sont simples ! Qu’ils sont justes ! La petite Bernadette en  témoignant de ce qu’elle a vécu ne cherche pas à convaincre  ses auditeurs... elle veut juste honorer la rencontre extraordinaire qu’elle a faite et veut la partager...
Le Chrétien est un homme, une femme, un enfant du partage.

Ô que le Seigneur est bien prudent. En créant l’homme et la femme il leur a donné deux oreilles pour bien entendre, deux yeux pour bien regarder, mais une seule bouche pour que nous évitions de dire trop de bêtises.  Vivons la grâce reçue à notre baptême. Le Seigneur ne cesse d’ouvrir nos yeux, nos oreilles pour que nous sachions proclamer à temps et à contre temps, au milieu d’un monde divisé par la haine et la guerre, les merveilles de Dieu.

Pour la vie de l'Église

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